« VERTUMNE » de Manu GALURE, avec Lorenzo NACCARATO et Patrice CAUMON
Ces trois garçons sont fous ! Et géniaux ! Transformer une scène de concert de piano classique en atelier de mécanique automobile tient de l’exploit… ils l’ont fait ! Mais attention : des boulons, tournevis, fer à souder, scie sauteuse, pinces à linges, bidons, crins de cheval, scotch, marteau, cardans et autres objets utilitaires qui servent normalement à « réparer » les voitures, jaillissent une musique, des sons et des chansons magnifiques, hors du commun. C’est ce que l’on appelle des pianos « préparés », sauf qu’ici, la « préparation » a lieu tout au long du spectacle. Et c’est superbe ! Inouï !
Un piano à queue et un piano droit se font face. Manu Galure et Lorenzo Naccarato sont aux commandes des deux instruments, tandis qu’à l’avant-scène, Patrice Caumon se présente comme « chauffeur de salle », avec une chanson murmurée à la guitare, avant d’endosser le rôle de mécanicien en chef pour l’étrange concert qui s’annonce. Il sera le percussionniste du concert, une batterie à lui tout seul. Au-dessus d’eux, un grand cercle métallique accueille leurs projecteurs et enceintes, rendant ainsi leur scène entièrement autonome, (pour peu qu’il y ait quelques prises électriques alentour ? Et encore, même pas sûr, peut-être un groupe électrogène silencieux, pour jouer en plein air ?). L’aide de Mehdi, Régisseur en Chef du Festival, a forcément été précieuse pour les aider à installer tout ce somptueux bric-à-brac.
« Je ferai la chanson qui n’a rien à voir. Je l’ai écrite en marchant, pendant que je dormais », entonne Manu Galure, dont on se doit d’apprécier la qualité du sommeil ! Cette chanson d’ouverture, comme toutes les autres, vous ravit l’âme. « Est-ce que je peux venir ? Non, toi non »… Certaines chansons sont espacées par des textes écrits et dits par Manu Galure, sans musique, toujours drôles et savoureux : « Louis XIV à Versailles pendant les travaux. Lulli suit avec les pianos. On lui apporte un Louis, à
lui, Louis, parce-que lui est dessus et qu’il veut vérifier si son nez est réussi »… Ou encore « Les troubadours ont 1000 ans, environ. Ils viennent d’Occitanie et ont été les premiers à chanter comme ils parlaient ».
Si la plupart de ses chansons sont cocasses, certaines sont cependant plus graves : « Le Monde qui marche en boîtant » (Rapport du GIEC…), ou encore, prétextant qu’il va « remonter le moral de tout le monde », il nous sert une chanson sur « l’Apocalypse »… pas drôle du tout…
Pour revenir à plus de légèreté, annoncée comme une « chanson pour enfants », tout en précisant aux plus âgés « faites comme si vous aviez la vie devant vous ! », cette comptine sur les odeurs pestilentielles dégagées, selon lui, par certains animaux : « Les manchons sentent comme les pingouins, alors tout le monde les évite ».
Enfin, ce réjouissant salut aux pompiers de partout : « À Cherbourg, il pleut tout le temps, les feux s’éteignent facilement ! Les pompiers de Cherbourg sont taillés pour l’amour ».
L’amour des gens, que viennent de nous transfuser ces trois « troubadours » des temps modernes, on n’est pas près de l’oublier. Merci à Manu Galure et son équipe !
Véronique Blin
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