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LE TRANSSIBERIEN.

« Dis, Blaise, sommes-nous encore loin de Montmartre ? »

Oh oui ! bien loin encore, mais si près en même temps ! En dépit des 9000 km qui vous séparent de la capitale au petit village perché, nous emboîtons votre pas avec enthousiasme pour ce périple imaginaire inouï aux quatre coins du monde.

Inouï en effet, votre style de poète refusant de l’être : « Blaise, comme braises, Cendrars comme cendres ».

Inouï, le jeu du comédien qui s’est, lui, emparé de votre œuvre avec délectation !

Dominique Lardenois, partenaire de cette odyssée et ancien directeur ardéchois de Privas, traverse avec la complicité musicale de Ismaïl Safwan au piano et à l’accordéon, des contrées improbables issues de l’imagination de l’auteur.

Voyage initiatique dont la stature imposante et la voix magnifique de Dominique Lardenois envahissent la scène tout entière, se faisant l’écho fidèle du poète disparu.

« Je suis en route, j’ai toujours été en route, je suis en route avec la petite Jeanne de France ».

De cette petite Jeanne qui l’accompagne dans ses rêves, nous ne saurons pas grand-chose, si ce n’est qu’elle aime Paris… Lui est en voyage… « maintenant, j’ai pris tous les trains de ma vie et j’ai perdu tous mes paris. Il n’y a que la Patagonie… et un voyage dans les mers du sud… » qui échappent à son pèlerinage. Le problème avec les trains, c’est qu’ils « retombent toujours sur toutes leurs roues. Tous les trains sont les bilboquets du Diable ».

Difficile, alors, de s’évader, de rêver, et pourtant… « viens Jeanne, nous serons les amants amoureux d’un vieux temple aztèque ».

1913, Paris, café Briard. Blaise Cendrars a déjà vécu mille nuits et jonglé dans un music-hall avec Charlie Chaplin… et surtout il écrit… «moi, le mauvais poète qui ne voulait aller nulle part, pouvait aller partout ». Il nous emmène avec lui, il nous emporte :  « quand on voyage, on devrait fermer les yeux… je reconnais tous les pays traversés à leur odeur ».

L’odeur des mots : « pour transgresser les mots, il faut bien les connaitre… »

Il les connaissait bien les mots, Cendrars ; Dominique Lardenois nous les restitue en majesté.

« Viens Jeanne, viens ».

Véronique Blin

Photos : Christian Haerrig

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