ARSÈNE FOLAZUR
SPECTACLE de DOMINIQUE GRAS et EMMANUEL DEPOIX
« Agitez les mains ! Non, un doigt seulement… pour éteindre vos portables ! ». D’emblée, Dominique Gras (alias Arsène Folazur) donne le ton d’une fantaisie à venir. Et c’est le cas ! Fervent émule du regretté Pierre Repp et ses mots à l’envers (entre rapenthèses, entre tarenpèses, entre zapenrèzes, enfin… entre nous ! »), il se fait fort de lui emboîter le pas… et y parvient, avec ses mots à lui : « une escalop’timiste, enfin, sans frein arrière ! Pardon, sans rien à faire ! (Rimbaud illumine mes rêveries…) »…
« C’était un illusionniste qui, dit-on, tout au long de sa vie d’artiste, perdait toutes ses illusions. Faites de vos défauts des qualités ! ».
Entre le monologue du Cid de Corneille ou le Tartuffe de Molière, il passe en revue les grands auteurs, avec facétie et bonne humeur. Jusqu’au « clou » du spectacle, le même depuis longtemps : son voyage en dromadaire ! Deux tabourets installés l’un sur l’autre en guise de monture, Arsène joue à Lawrence d’Arabie, après s’être enroulé le visage dans la longue écharpe de la coiffe touareg traditionnelle. Une fois juché sur l’animal, il allonge sa jambe droite dissimulée sous sa longue veste sombre, en revêt l’extrémité du pied par son chapeau souple, très souple, puisqu’il lui dessine deux oreilles, qui le rendent extrêmement « vivant », et vogue le dromadaire ! Par des mouvements de torse, de bassin et de jambe/cou, tandis qu’Arsène débite des phrases sans queue ni tête, l’animal se déplace de manière incroyable, on s’y croirait ! « C’est ainsi que je compris à quel point l’expression était juste : prêcher dans le désert… ».
Après avoir chanté « l’amour est un cerisier » et opposé « le rasoir et la maison, pardon, le savoir et la raison », il nous salue en nous affirmant : « Le fond est mou ! Euh… Le monde est fou ! ». Le sien, assurément.
Certes, Dominique Gras était déjà venu au Festival de Ségure il y a trois ans, avec ce spectacle et l’on peut regretter qu’il ne nous ait pas offert une nouvelle création. Mais « Arsène Folazur » a fait son succès, mérité, et il le tourne partout. Alors, pour les amateurs, pourquoi ne pas en reprendre une p’tite goutte ? Même une grosse !
Véronique Blin
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